GOUVERNEMENT EN DELESTAGE: L’ETAT EN CARAFE / Épisode 1
GOUVERNEMENT EN DELESTAGE: L’ETAT EN CARAFE / Épisode 1

GOUVERNEMENT EN DELESTAGE: L’ETAT EN CARAFE / Épisode 1

« Le Cabernet Républicain tire sur la corde »

Dans la Cav’Coop Nationale, le Cabernet Républicain a longtemps incarné la promesse d’un vin équilibré, issu d’un terroir stable, où chaque cep trouvait sa place dans la rangée.
Solide, classique, un peu tannique parfois, mais rassurant.
Le genre de cuvée qu’on sortait pour les grandes occasions, en se disant : « ça au moins, c’est du sérieux ».

Mais les temps ont changé.
Sous la canicule du déficit public, les grappes s’assèchent, les barriques se vident plus vite qu’un compte à la Banque de France, et le vigneron-ministre court entre les rangs, multipliant les annonces comme autant d’arrosoirs percés.

“Pas d’inquiétude !”, clame-t-il, verre levé au balcon du chai.
“L’équilibre reviendra au prochain millésime !”

Sauf qu’à force d’arroser à crédit, le sol devient boueux.
Les racines, elles, ne boivent plus rien.
Le Cabernet, fidèle à sa tradition d’ordre et de rigueur, essaie de sauver la face en proclamant une “réduction du sulfitage national”, pendant que les dettes s’accumulent au fond des fûts.

Les oenologues de Bercy ont beau filtrer, soutirer, délester : la cuvée reste trouble.
Et le vigneron, pour masquer la fatigue du cep, annonce une “grande réforme de la taille” — autrement dit, tailler dans les dépenses publiques… tout en gardant le champagne pour l’inauguration.

Dans les allées de la Cav’Coop Nationale, les autres cépages observent.
Le Merlot Socialiste hausse les épaules : “On a déjà connu des vendanges plus sèches…”
La Syrah Insoumise crie au hold-up sur les barriques communes.
Pendant ce temps, le Pinot Centriste fait des relevés de température avant de proposer un comité de concertation sur l’évaporation.

Le terroir, lui, ne dit rien.
Il regarde, inquiet, les feuilles jaunir.
Et quand le soir tombe sur la plaine, on entend le murmure des vieilles vignes :

“Le Cabernet promet toujours une grande cuvée…
Mais à force de tirer sur la corde, c’est le chai qui craque.”

Alors oui, la France reste un grand cru.
Mais un grand cru qu’on allonge à l’eau en espérant que personne ne sente la dilution.

Notes de dégustation politique

  • Robe : couleur budgétaire soutenue, reflets bordeaux tirant sur le rouge parlementaire.
  • Nez : arômes de réforme tardive, notes boisées de promesse ancienne.
  • Bouche : ample, parfois asséchée, avec une finale longue… et déficitaire.
  • Température de service : autour de 49°, l’Assemblée chauffe vite.

Contexte du millésime

Été budgétaire brûlant, dettes souveraines en macération lente,
et un gouvernement qui pratique le délestage fiscal sélectif : on retire du marc les grappes abîmées,
mais on garde les plus grosses pour la photo.
Le tout, sous une étiquette “Tradition française depuis 1958”.

Pourquoi ce texte

Parce qu’il y a des années où la vigne et la politique se ressemblent :
on promet un grand cru, on finit en vin de table.
Et parce qu’à force de chercher l’équilibre budgétaire dans des sols appauvris,
on oublie que sans eau, sans humus et sans confiance,
même le Cabernet finit par perdre sa sève.

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