Le Chardonnay National se croit en appellation contrôlée!

Dans les profondeurs feutrées de la Cav’Coop Nationale, le Chardonnay National brille comme un soleil vernissé.
Blanc, pur, limpide — du moins en apparence — il avance avec la certitude tranquille de ceux qui croient que la tradition ne se discute pas, qu’elle se déclare.
Sa barrique, vernie et fièrement cerclée de cuivre, est placée en plein centre du chai, sous un projecteur qu’il a lui-même fait installer. Il s’y perche comme un emblème, le torse bombé, la grappe haute.
“Un vin, une patrie, une robe dorée !” clame-t-il, comme s’il récita un mantra millésimé.
Le Chardonnay National se considère comme l’expression suprême du terroir hexagonal.
Selon lui, les autres cépages ne sont là que pour accompagner, jamais pour concurrencer.
Les variétés venues d’ailleurs ? Tolérées, peut-être, mais surveillées comme des tonneaux suspects.
Dans les débats de la Cav’Coop, il se pose en gardien de l’identité viticole française : il parle de pureté aromatique, de sang du sol, de “respect des racines nationales”.
Le tout avec un vocabulaire qui sent autant le fût de chêne que le discours de campagne.
Les autres cépages soupirent. Le Merlot Socialiste lève les yeux au ciel, la Syrah Insoumise éclate de rire, le Pinot Centriste tente désespérément de tempérer, mais rien n’arrête le Chardonnay dans sa grande mission patrimoniale.
Pourtant, derrière cette robe dorée, quelque chose fermente mal. L’air ne circule plus dans sa barrique trop bien fermée. À force de se protéger, de se refermer, de se barricader contre tout ce qui n’est pas lui, le Chardonnay commence doucement à « tourner au vinaigre identitaire. »
Le vigneron du ministère s’inquiète : “Ça manque d’oxygène politique, murmure-t-il en soulevant un couvercle devenu trop rigide. Mais le Chardonnay repousse sa main : “Pas de ça chez nous ! L’air extérieur dénature la tradition !”
Résultat : là où il rêvait d’une cuvée noble et éternelle, on sent maintenant poindre une acidité piquante, un manque de nuance, un parfum de fermeture qui écrase tous les fruits.
Les œnologues de la Cav’Coop observent le phénomène : certains parlent de réduction excessive, d’autres de crispation aromatique. Mais tous s’accordent sur un point : un vin, pour vivre, a besoin de respirer.
Et dans ce chai où les crises politiques s’accumulent, où la sécheresse budgétaire avance comme un vent chaud, où les vignes elles-mêmes cherchent de l’ombre, le Chardonnay National croit encore que le problème vient des autres cépages… et non de son propre manque d’ouvertures.
Notes de dégustation politique
- Robe : dorée, brillante, presque trop parfaite.
- Nez : séduisant au début, puis notes de réduction et rigidité aromatique.
- Bouche : ample, fière, mais s’acidifie rapidement.
- Finale : longue, serrée, parfois agressive.
- Garde : incertaine — risque de piquer si l’air ne passe plus.
Contexte du millésime
Climat tendu, identité en débat, réformes en surchauffe, et une Cav’Coop qui se divise sur le rôle des nouveaux cépages.
Pendant que les sols réclament de l’eau et du dialogue, certains préfèrent renforcer les murs de leur barrique.
Pourquoi ce texte
Parce que dans la République viticole, l’identité n’est jamais un argument suffisant pour justifier la fermeture. Parce qu’un grand vin s’enrichit des influences du sol, du vent, des voisins. Et parce qu’à trop se croire pur, on oublie que la vie — et la démocratie — se nourrit de diversité aromatique.
“Un vin qui refuse l’air finit toujours par se piquer.”
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